Poèmes d'Agay, Londres, Paris


Agay, je reposais, aux pieds des roches rouges,
Les longues distensions d'entorses printanières.
Je remarchais. Voici quelques mots pour le jour
Où Clotilde rêvait juste devant la mer.

Faisait-elle, pareille aux ondines, ce songe
Qui est aussi le mien, d'une bulle sans âge
Où le vacarme est sourd, où les amants se plongent ?
Je parlais d'Estérel, d'oursines, de cigales,

Du phare et du château de Saint-Exupéry...
Par là ? C'est ma maison, un peu sur la colline,
Lui dis-je, voudrais-tu que nous nous y rendions ?

Tu verrais l'horizon, la Corse au matin puis
Nous nous envolerions, l'amour donne des ailes
De soleil et de bleu où l'éternité plonge.


1.9.99 - Sur le bleu du soleil - Sonnet agathonien






 Pleine de sa douceur de femme, Elisabeth
Allait, toujours suivie, à peine nonchalante,
Avec ses yeux de chatte et sa démarche lente,
Vers l'horizon feutré de ses amours discrètes.

London, Piccadilly, nous étions trop nombreux
Mais j'étais plein de joie près de son mouvement,
La diction délicate et douce de sa bouche.
Je pensais aux mariés, comme dans l'ancien temps

Du siècle disparu, et parmi cette ivresse
Des cidres et des pubs épanchés à Soho
Je rêvassais près d'elle aux îles de la Sonde

Et Lisboa, Caracas, mes exils aux crevasses
Où sa silhouette abonde, aspirant à la nage,
Aux apnées prolongées vers ses châteaux profonds.

 9.1.00 - London, Piccadilly... - Sonnet londonien






Fine et douce, Victoire, accoudée, souriait
Tendrement, sirotant simplement. Et moi joint
A son regard au bleu de lagon tahitien
Soudainement trouvais à tout un goût de vrai

Car elle transformait par un enchantement
Sans même le vouloir, peut-être, en air de fête,
La musique du bar, la chamade secrète,
Et tout prenait du sens, l'envie, le sentiment.

M'accompagnerait-elle un jour aux océans
Qui pourlèchent la plage en leurs vagues d'argent,
Serait-elle à la fois l'ondine et la rêveuse

Dont je rêve souvent, l'île et le continent,
La magie de la muse et la voluptueuse 
Etoile au firmament ?  Le luxe... ou le tourment ?

 6.2002 - Victoire souriait - Sonnet parisien.




Août 2010, j'allais, poussé par le mistral,
Rejoindre Agay, Ariane, aux pieds des roches brunes,
Contempler les bateaux aux plages théâtrales,
Ecrire à Samira la tête dans la lune.

Jusque tard dans la nuit, ma poétesse arabe
M'initiait à la paix du monde musulman,
Me parlait du désert, je lui parlais des arbres,
Projetant l'enlever sur un bel alezan.

Elle était juste là, méditerranéenne,
Le regard noir et doux sous ses cheveux d'ébène,
Ma tendre marocaine au frais des maisons blanches,

Capricornesquement fendant mon cœur étanche.
Et ensemble surfant les étoiles vivantes,
Rêvions d'Essaouira et de thé à la menthe.

 7.8.10 - Août 2010, j'allais... - Sonnet marocain.

 











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