Sonnets indiens
et autres poèmes d'Inde














Je traîne à Main Bazaar... le léger attirail
Dans ma chambre d'un jour au vieil hôtel Vishal
Est avec l'avenir tout ce que je trimbale
- Cahiers prêts à s'emplir des noms de l'Indian Rail.

Par quarante degrés je vais entre les vaches
Et chaussé par le cuir de chameau des chappals
Me prélasse aux chaleurs car plus rien ne rattache
A la glace et au temps compté d'occidental.

Constant d'aise alanguie, je drape d'un lungi
De coton mon corps lent, le torse se cuivrant,
D'un gilet de patchwork qu'ornent des éléphants.

Allant vers de hauts lieux, de grands dieux, de doux fruits,
Vagabond du soleil au milieu des rickshaws
Je sirote un lassi en pelant des mangos.


Juin 1995 - Sonnet indien - Delhi, Paharganj, Main Bazaar.



Par quarante degrés je vais entre les vaches...





Un indien mystérieux vend des objets de cuivre
Dans une échoppe du village de Pushkar,
Des ceintures de cuir, de l'encens et des livres...
Ou dit secrètement... "Some opium, brown sugar ?"

Vous pouvez lui sourire et secouer la tête
A l'indian way, ce mouvement... peut-être "oui"...
Ou dire "Accha my friend" d'une œillade discrète
Et pareil à un conte aux mille et une nuits

Au mur basculera une bibliothèque
Masquant des escaliers colimaçants, furtifs,
Vers le lieu receleur de poudres et de kif...

Partout y sont cachées ces clés d'autres voyages,
Derrière un wall carpet, dans une boîte en teck,
Ou dans un livre creux empli de blancs adages.


     Juin 1995 - Sonnet indien - Pushkar.



Masquant des escaliers colimaçants, furtifs...



                                                                  
Plein d'enfants affamés, d'or et de tintamarre
                                                                
 
                                                                 
Plein d'un calme bleu, jaune, emporté du désert,                    
En second-class-sleeper je retourne à Delhi;
Jodhpur la bleue, adieu, Jaïsalmer légendaire
Car la montagne attend, Gange, Varanasi...

Au Rajasthan sableux dansaient d'ocres gamins
En jouant de la flûte au pied des forts de pierre,
Guettaient aussi le long des lignes ferroviaires
Pour gagner leurs rupees dans les couloirs des trains.

Moi je brûle endormi sous ce toit de métal...
Eau... je te verse d'un sursaut sur mes cheveux.
Torride et disparue, ma gueule occidentale


Que ronge la fatigue est dans un cauchemar...
Un cauchemar cinglant plein d'un terrible feu,
Plein d'enfants affamés, d'or et de tintamarre.


     Juin 1995 - Sonnet indien - Jaipur la rose.




Jodhpur la bleue, adieu...
... Jaisalmer légendaire...






A Rishikesh les sâdhus fument leurs shilums.                        
Sur le pont un mendiant, jeune, gère la plaie

Si longue de sa jambe ouverte à l'os. Pauvre homme
Au passé immobile, au futur amputé.

Maigre et stoïque, il git, sur le Lakshman Jhula,
Le premier de la file où les maux accroupis
D'hommes-troncs, de lépreux, attendent les rupees
Des babas réunis dans les ashrams-yoga.

Peut-être a-t-il quinze ans bientôt, le monde s'ouvre
A ma marche toujours, à ma marche que couvre
Une mélancolie lourde à l'air ravissant.

Il me sourit, me souffle qu'il sera brahmane
Une autre vie. Je rentre au Green hotel. Longtemps
Et transpirant je pense à lui dessous mon fan.


     Juillet 1995 - Sonnet indien - Rishikesh, Lakshman Jhula.







A Rishikesh les sâdhus fument leurs shilums...






Je vois, j'erre et gambade, allègre et exotique,
Avec mon sac, sur les chemins, toujours vêtu
Des motifs colorés, symboles aux tuniques
Enthousiasmant l'européen libre et têtu.

Mon âme est à l'instant; mon futur, mystérieux;
Mon passé, je ne sais; mon amour, voyageur,
Et c'est bien idéal, je ne fais aucun vœu
Quand j'offre au fleuve ces feuilles panier de fleurs.

J'ai d'Inde le mot neuf, l'ampleur libre du pas...
On a lu dans mes mains aux marques souterraines
Que toujours je n'aurai que déesse bohème...

- Une nuit à Lucknow, un jour à Bénarès,
La ville d'équilibre aux ghats où la vieillesse
Flambe sur les bûchers près du fleuve Ganga.

Juillet 1995 - Sonnet indien - Varanasi, fortune tellers.






Je vois, j'erre et gambade, avec mon sac, sur les chemins...

.

























Chacun leur tour iront ceux de Varanasi
Les corps raides drapés de soie et de dorures
Sur les brasiers du Burning Ghat, à la bordure
Du Gange et le marcheur s'arrêtera ainsi

Effleurer l'espace-temps mitoyen de la mort.
Rutilance et magie, le feu naît vertical
Dans cet embrasement des bûches de santal,
La cendre ira au fleuve et l'âme à l'autre corps.

Et derrière, la ville, au ciel crevé de temples,
Grouillante de marchands de tissu, de passeurs
Et de mendiants glissants qui disent "rupees sir",

La ville bat son plein; d'un toit on la contemple
Puis se jette à ses rues bienheureuses, boueuses,
En quête de jasmin et de bagues précieuses.

Juillet 1995 - Sonnet indien – Feus de Varanasi, Burning Ghats





Et derrière, la ville, au ciel crevé de temples...





Je te bénis au nom de tous les agnostiques                   
Vârânasî penché sur le Gange encensé

Varanasi penchée sur le Gange encensé,
Ecrin d'un temple d'or, Venise asiatique,
Je bois un bhang lassi à ton âme insensée.

Femmes, hommes, prient; les enfants plongent et barbotent
De Scindia Ghat à Assi Ghat c'est la parade
Des pèlerins allant dès cinq heures en cascade
Faire leurs ablutions à l'eau où les morts flottent.

Carcasses d'animaux, cadavres gonflés d'eau,
Femmes perdues en couche, enfants morts-nés, sâdhus...
Ceux qu'on ne brûle pas sustentent les corbeaux.                           
Carcasses d'animaux


Nous allions, Virginie, le visage émacié,
Avec le front poudré de nos frères hindous,
Par les haillons du fleuve et le feu des bûchers.


     Juillet 1995 - Sonnet indien - Varanasi, Ganga river.


faire leurs ablutions à l'eau où les morts flottent...





Partageant leur charas avec des japonais,
Je pense à la patience, aux castes et aux gares,
Dans le Dadar-Express, Varanasi-Bombay,
Qui aujourd'hui avait douze heures de retard.

J'ai mangé un thali, bu un jus de goyave
Et fumé des bedees et puis j'ai vu un brave
Intouchable être frappé par un gros brahmane.
Plus loin l'agile main d'un vieux marchand de pan

Ondulait en pliant les feuilles de bétel.
Colorées et parfumées, sans doute avaient-elles
Eté saupoudrées de noix d'arec ou d'opium.

Un très long train passa dans la langueur nocturne.
Rien ne pressait. Alors, tout ensanglanté, l'homme
S'éloigna d'un pas pauvre et d'un œil taciturne.


     Août 1995 - Sonnet indien - Dadar-Express.







Je suis, jambes croisées, comme sont les bouddhistes,
Les yeux clos je m'éloigne, allant de Bangalore
Par le Karnataka-Express jusqu'à Mysore.
Et je suis plein d'un songe où les images tristes

De la vie resurgissent à peine et s'en vont
Car une chose apaise et sourit. Monotone,
Paris attend peut-être. Ici le vent fredonne
Sur le visage chaudement de sa chanson.

Langoureuse, une frêle et fraîche mousson traîne
Par-ci par-là de son parfum dans la moiteur.
Que je suis loin de tout, que je suis plein de haine

Pour l'Europe parfois, pour la femme que j'aime
Et qui n'arrive pas. Qu'importe j'ai quand même
Des frissons bienfaisants voltigeant dans le cœur.


     Août 1995 - Sonnet indien - Mysore, Karnataka-Express.



Car une chose apaise...





Ana, rêveuse, et déesse de Kovalam
Lit mon tarot astral, très pleine de raison.
Katherina, flâneuse, avance vers splif time

Et je l'y accompagne en pagne de coton.

Auprès de ma Devî, aux calmes mouvements
Des vagues, du ciel rouge endormant la bhavan,
J'ai le cœur si léger, si léger, et j'ai l'âme
Si légère des beaux vagabonds de vingt ans.

Nous à l'air idéal si réel d'un mirage,
Pleins comme les yogis d'un vide qui ranime
Les arcanes foulées par cartésienne rage

Dans l'Europe lointaine, nous nous berçons de nage,
Eternels de karma sous cette Etoile fine
Qui divague ou flamboie en guidant nos voyages.


     Août 1995 - Sonnet indien – Kovalam, arcane Étoile.


Des vagues, du ciel rouge...






L'inde, pas cadencé, immobile ou feutré...
Traînant aux rues, aux trains, aux moiteurs animales,
Plein de fruits, d'autres mots, plein de poudre de rêve,
Je flambe et souffre au monde qui flambe et qui souffre,
Au Mandala et à sa sève sidérale.

L'esprit débordant d'Om, d'un songe dur ou tendre,
Villes aux noms sonnants, temples, fleuves et sacres,
De réincarnations abstraites dans la cendre,
De batailles, de partages, d'idolâtres,

Et d'enfants de cinq ans avec leurs yeux béants
Regorgeant de misère implacable et de faim.
Moi suis-je de retour sur le vieux continent

Qui égara l'essence et le sacré ancien ?
Je pense au Kerala, aux casseurs de cailloux,
Aux pêcheurs de requins, à Ana mon bijou.
   

  Septembre 1995 – Sonnet indien - Retour d'Inde.







L'Inde, pas cadencé aux enjambées feutrées,                                     
Je suis empli des villes blanches, des légendes...
Suivre les arcs, suivre les dômes et les dunes,
Rêver au seuil de voies nouvelles où va la Lune
Orientale aux fines mines recourbées.

Le cœur empli des villes blanches, des légendes
Aux forteresses de guerriers enturbannés,
Des "Tchaï, tchaï, tchaï que les marchands de gare scandent
Et de l'enfance esclave et de ma liberté.

Je me souviens de ces marchés multicolores,                               
De l'Om et des bijoux, du palais de Mysore,
D'un difforme, des diseurs de bonne aventure


De l'Om et des bijoux, du palais de Mysore
Et de ma liberté haute dans l'aventure
Si terrible et si folle éprouvée de symboles
Allée sous le soleil, ma vie et ma fortune.


    Octobre 1995 – Sonnet indien – Je me souviens de ces marchés multicolores.


                                                     














Petite folie
De l'été brûlé
Que j'étais léger
Vif et sans soucis
Sur les routes d'Inde

Quel sale retour
Des ciels qui écrasent
Du passé qui blase
Resterai-je sourd
A l'appel des dingues ?

Viens ma grosse envie
De nouveaux effets
Rêve saupoudré
De ciel et de fée
D'errance et de nuits
Aux moiteurs d'Asie


     11/95 - retour d'Inde - D'errance et de nuits





Le glorieux ennui
Luxe décadent
De ma fin de siècle
N'est pas exclusif

Parfois je fourmille
Dans mille projets
Mille pacotilles
D'avions et d'esquifs

Pour m'en retourner
Vivre une bohème
A d'autres Paris
A d'autres esprits

A d'autres poèmes
A d'autres je t'aime
Qui brillent peut-être
Sous le ciel d'Asie


     11/95 - retour d'Inde - D'avions et d'esquifs





- Reviens mon corps énigmatique
Qu'ornaient les cuivres océans
Dans ta souplesse de brindille

- Je sue ma graisse occidentale
Ma vanité mon abondance

- Tu seras pur un vent prochain
Ouvert au Mandala d'argent
Serré des bracelets d'Orient

                    *

Retour au pays mère
terre d'où vient ma langue
indo-européenne

Des enfants sur les toits
Tiraient leurs cerfs-volants
Et Paharganj suintait
Ses siècles de voyages
Sa misère hindouiste
Qui fait pleurer les intouchables


     7/96 - Poèmes d'Inde - New Delhi





J'ai reconnu ma petitesse
Sur les ghats des lacs sacrés
Aux temples surplombant les collines
Et ma jeunesse
Dans les palais

Loin dans la plaine
Aux turbans ocres les chameliers
Préparaient leurs campements
Retour de l'ouest
Du Pakistan
Pleins de précieuses marchandises

Le soleil descendant
Le ciel devint orangé
Rose
Enfin obscur perlé de points luminescents
Je pensais des étoiles

Udaïpur
Et c'était magnifique

                    *

Très souvent je repense
A Deepak à Yuki
Ou les parties d'échecs
A la Shiva Guest House                       
Et certains trottoirs d'Udaipur


     7/96 - Poèmes d'Inde - Rajasthan.





Goa
Verdure de l'équateur
Plages bercées dans la mousson

Plages bercées
Dans la mousson

                    *

A Bombay
Les vagues inhumaines
Nous submergèrent
Dans les gares sur les quais
Dans les rues et les dédales
Comme une mousson
Epaisse et collante
Qui ne s'arrête pas

Plus tôt un tchaï wallah
S'était tué
Glissant du train


     7/96 - Poèmes d'Inde - Bombay.






Paul qui a des terres
A Parvaty Valley
Connaît les connexions
D'opium et de haschich
Passant autour d'Hubli
Mais il n'a plus de dents
La dope a tout repris
Et il n'a plus de sang
La brown a tout sali.

Hampi est un lieu sans âge
                    *

Hampi
Est un lieu sans âge
Que les bergers repeuplent

Les eaux se sont enfuies
Pour libérer les temples
Où nous guide Kali

Merveilles de nuits
Sur la rivière
Sous les étoiles d'opium
Tendres et transportantes


     8/96 - Poèmes d'Inde - Karnataka.









Allepei course vibrante
Course rythmée
Tonitruante
Des snake-boats


Nous glissons sur les canaux
                    *

Nous glissons sur les canaux
Sous les cocotiers perchés
Sous les saluts des enfants
Dans nos cœurs de goanais

Languissons dans les rouleaux
Dans le lait et dans le temps
Dans l'herbe du Kerala
Dans le temps qui disparaît

Dans nos cœurs de goanais
Et de casseurs de cailloux
Les pieds nus et les couleurs
Du village des pêcheurs

                    *

Près du Simi Cottage
Une voix sur la plage
M'appelle certains soirs

Je me faufile entre les huttes
En soufflant dans un coquillage
C'est le marchand de sable

                    *

Charlotte et moi
Qui sais à peine le danois
Mangeons des ananas et des noix de coco
Des bananes des papayes
Et des fruits de la passion
 

Et leurs époux qui sont au large
     8/96 - Poèmes d'Inde - Kerala.





Je me faufile entre les huttes                              
Dans le village de pêcheurs
Des femmes peaux de sable noir
Battent le linge
Parlent s'affairent
Aux mille choses des vies simples

Viendront apporter sur la vague
Et leurs époux  qui sont au large                          
Viendront apporter sur la vague
Dans un essaim de voiles jaunes
Leur pêche aux poissons bengalais
Leurs poulpes serpents leurs requins

Dont les chiens mangeront la tête
Au milieu des cochons de plage

Leurs poulpes serpents...
... leurs requins
Dont les chiens mangeront la tête

Un soir prochain tu sais
Etoile mon épouse
J'aurai appris depuis ce temps à être haut              
Souple et sage
Plein de richesse au syncrétisme qui repose
Et nous irons dedans le Mandala filant
Mother India

Au milieu des cochons de plage
Ma femme indienne avec aux mains
Les tatouages de henna
Les chaines aux chevilles d'argent
Au cou les grands colliers
De coquillages
           
                 
     9/96 - Poèmes d'Inde - Orissa.                           

                               









Je fus repris par le rythme idéal et repris par le goût de la sueur.


 Delhi. Anoop hôtel. Une jeune belge dont j’ignore le nom. Demain elle rentre après dix-huit mois; adepte de Bouddha qui est tout amour.

 L’allemand part dans les montagnes; Malana, Manikaran; avec son visa de cinq ans !« In Bonn, they’ve been doing that !».

Pushkar; rongé toujours plus, recèle encore des cachettes sous la nuit toute blanche.


J’ai la fièvre. Mon cou est enflé et ma gorge rêche. François, lui, les amibes le clouent au lit qui vacille. Mais Dalila veille sur nous.


Le train indien est un poème de saleté de liberté et de bohème. Le moteur explose. On patiente quelques heures, qu'arrivent de Gwalior, les réparateurs.


A Puri je retrouve Lakshmi. Mes amis orissais et la pauvre boiteuse voleuse de rupees.

Un français fait déguster de la résine kashmirie.

Mariane, Stéphane, vont en Enfield par les villages d'Orissa.
Humilité des existences. Simplicité de vivre.


Orissa, terre lointaine fouettée d’ouragans. Humilité des existences. Simplicité de vivre.



Depuis l’année dernière le grand-père est mort. Alors le petit-fils ne va plus pêcher. Et puis il a perdu son oeil.



J’ai battu enfin John Warghese Aux échecs, il m’a laissé reprendre trois coups seulement.


La plage, le village, la pink house et les buis-buis sont toujours grouillants de vie.

Dans la ville, plus loin, c’est la fête des chars.

"L'hindouisme est pervers". John croit en Jésus Christ pour la voie qu'il choisit.


 Pourquoi les riches ont toujours plus. Pourquoi les pauvres ont toujours moins.


Sur la plage elle ondule...
 Sur la plage elle ondule un requin dans sa carapace.

 Priez pour moi je ne suis rien que votre frère. Nous avons tous le même père et notre mère la terre.


Virginie, your activity is indianity.


Madras – Chennai. Toutes les villes ont plusieurs noms.


 Mahaballipuram s’endort et se réveille aux cliquetis, au bruit du ciseau sur la pierre. Tic, tic, tic, tic ; et Ganesh dansant surveille, tac, tac, tac, tac ; avec Shiva, dans la roue du mandala.


... un requin dans sa carapace
Au Lake-view Antony rêve de green card.


Magali, Kumar, dans le petit village nous faisions du lassi ; lait, bananes, bhang masala, avec le chanvre d’Orissa.


 Toujours au cœur du cercle l’échiquier précise le système et les interactions. Dany, Bala, proposent l’équation, le problème à résoudre ; ce ne sont pas des adversaires.


Pondichéry resurgit l’enfance des rêves, les livres d’histoire, les noms de magie des comptoirs des Indes.


Ni Bahrat et ni France. Tamil Nadu à peine. C'est bien pour les perdus. Et la femme qu’on aime ?
L’art est l’amour.


La baie du Bengale est ma douche quotidienne, ma jouvence, et ma hutte sur la plage. Quand je le veux je joins la ville en mobylette, par la ruche indienne.

Croiser les bus en apnée, klaxonner les animaux, pas accrocher les vélos, faire attention aux rickshaws et aux charrettes de bœufs... camions, autos ; tous les piétons de la route…


Sebastian m’a volé pour acheter l’arak. Je lui pardonne. Ce n’est qu’un homme comme moi.

Figurines des gopurams
Je marche au jus de citron, au lait de coco, oranges pressées, poissons et mangos, calamars grillés.


Michel et Myriae ont la sagesse du yoga ; des védas ; du coffee de Pondichéry.


Les vies ne sont qu’aventures de yin, de yang, de hasard et de wannakkam.


Quitter le lungi pour des vêtements d'occident. Un instant consul ou professeur mais j'ai déjà mon cirque, mon jonglage et mon bagage. D'ailleurs au lycée français le proviseur a l'air napoléonien, le sourire satisfait.

Chidambaram. Gangakondacholapuram. Thanjavur.

Tiruchirappalli. L’espace finement ciselé ; figurines des gopurams diverses comme le monde.

Madurai à couper le souffle. Mais Les marchands sont dans le temple.
Madurai à couper le souffle



 Kerala basse saison, toujours la plus belle lumière aux yeux brillants des voyageuses, aux sourires des kéralaises, partout dans l’air et sur la mer.


 Mutu, Shiva, Sunil et Nicolas, et les marchandes de fruits. Et Marco ? Il est là, retour d’Himalaya. Bom shankar. Om nam shivay.

Sarma ji chante son sanskrit sur le toit.


 Enlacer une forme de paresse. Surplomber la mer et les cocoteraies, apprendre le carom au Lonely planet, le malayalam, la cuisine végétarienne. Etre massé de vagues, ne surfer qu’avec le corps et glisser quarante mètres, jusqu’au soir dans ma famille indienne.   


  Carnet indien - juin à septembre 1997

Apprendre le carom

                                                                              *




Douce Hitoko Devi du sable kéralais
Transforme tout d’un petit coup d’yeux en amande;
Baisers, caresses, qu’un certain muscle se tende
Gorgé de sang pour son sourire japonais.


Nous allions à Poona très tendres et serrés.
Le Cape-Mumbai express glissait de Kovalam
Où nous avions bodysurfé sans vague à l’âme;
Que ce fut du bon temps dans nos fruits encensés.


Je t’attends désormais, Paris est bien étrange.
Moi toujours sur la vague, et toi, Lonavala ?
Dans une vieille rue, comme deux petits anges

Ferons-nous notre temple au bronze de Shiva ?
Au bronze de Ganesh, dorures de nos peaux,
Aux forces de Kali ? Reviens vite Hitoko.


      sonnet indien - rue Vieilles du temple - 10/97









Moiteur des liens déliés
Varanasi puissance alliée
Corée Jinhee voler
Vers Katmandu
Buddha sacré de Lumbini
Chitwan bruiteur des forêts vierges
Pokara haut séjour des glaces

Rêveur d’envol se renvoler
Le sable d’Andamans
Emet la vie des coquillages
Aimer la maison du corail
L’eau l'aquarium
La jungle la biche

Beauté de l’île
Des terres égrenées
Au gré des bancs de sable
Distance tropicale du paysage
Lieu sans mal
Dissémination du Paradis

Pleurer les chiens de Calcutta


     été 2000









Voyage plonger
Delhi Bright hôtel retrait
Suis Fatehpur Sikri
Ruine protégée

Express grince
Genoux rouillés
Ame inondée aller
A la lumière qui rince

Repos vent tiède 
Grains distendus
Temps fraternel

Pei Yun enfin
Brûlure caresse
Au plus profond

Accord intime
Pressentiment signal
Seule une façon d’agir

Gokarna magnétique
Ensacre et indivise
Les sentiments énigmatiques

Suis gagné pour basculer
Pei Yun explique
Tout mon Sacré


     été 2001