Poèmes d'Asie - 2000/2018


À Ho Chi Minh - Saïgon - des nuées de scooters,
Autant de gros insectes pollueurs et sonores,
Pétaradaient au long d'artères cafardeuses
Et je mangeais des nems chez une naine affreuse.

Traversant la frontière aux routes caillouteuses,
Camarade au Viet Nam, passager à Nha Trang,
Traitant le vers classique avec désinvolture,
Moi cycliste à Hoï Han je fus roi à Hué
 
Jusqu'aux marchés d'Hanoï et à la baie d'Halong
Où flottaient dans l'eau verte des monceaux de plastique.
Je m'installai chez toi mon Asie féerique,

Dans ta maison si chic autour du lac centré
Tu m'offris de ces rêves aux poudreuses allées;
Je me rendis longtemps en héros éthéré.

 
2003 - Sonnet Vietnamien - A Ho Chi Minh Saïgon...








Je me souviens, tu sais, des carrières de marbre
Et l'hospitalité de ton corps élastique;
J'étreignis tes secrets, ta guerrière fierté;
Tu effleurais pleurant tes photos au napalm.

Nous allions par les rues, toi devant, moi caché;
Toi la reine esseulée au ventre cicatrice
- Blessure américaine à tes langueurs fumées, -
Je fus ton voyageur calme et abandonné.

Souple vietnamienne aérienne et noueuse
Me menant ça et là au gré de tes musées,
Insultée par les rues aux nuées dont la cible

Avait mon air d'Europe ou ma fugacité.
Porte moi souvenir de nos vies échangées,
Je te porte en échange et notre humanité.


2003 – Sonnet Vietnamien - Je me souviens, tu sais...






Février 2003, distançant Dusanee,
La hutte et le hamac tendu à Kho Tao,
Je passai la frontière averti de la mine,
Jonglant unijambistes et pleurant les manchots.

Halte longue à Siam Reap aux temples d'Angkor Wat,
Le soleil se couchait sur les pierres mousseuses,
Cambodia s'éveillait dans des fumées brumeuses
Et les ombres bruissaient aux vapeurs du Mekong.

Je dormis distendu dans les transes dansantes,
Rêvant au jus de canne de plage à Sianoukville;
Lent, Phnom Penh klaxonnait aux arrêts des speed boats.

Un suédois se perdait au jaba qui rend fou;
Des femmes clandestines se dressaient dans la boue
Du port impétueux d'opiomeries malignes.


 Sonnet Cambodgien – Février 2003 distançant Dusanee...






Bali pensait ses plaies et Lek pansait les miennes.
Bangkok suintait l'Asie, Kho San Road à minuit.
Kho Bulôn profilait effleurant les coraux;
National Park déserte à Kho Tarutao.

Le rivage épousait nos volcans essentiels.
L'errance était de mise et j'allais green curry,
La saveur thaïe perlait au riz de citronnelle
Et mon ombre pausait aux rochers de Krabi.

La Chang Beer de Ranong sentait la Birmanie;
Les pad thaï de Chang Maï tastaient la pink lady
Et je les dégustais les nuits d'Ayuttaya,

Mimant à Sukhothaï les poses de Bouddha,
Traversant les marchés d'artisanat lointain,
L'ailleurs me transportait d'une liqueur divine.


Sonnet Thaïlandais - In Pop's House en 2003...






Kuala Lumpur en 2002 je n'avais plus
Que toi, Pei Yun, et Dieu qui brillait dans tes yeux;
L'île en périphérie, la jungle en centre-ville;
Le condo chez Cathy et la vie sur un fil.

Le restaurant indien et la pluie de taxis;
Bangor, Pangkor Island, le parage tranquille;
La ganja transgressive, bain turquoise, eau saline,
Et Malacca pregnante aux détroits piratés.

J'allai aux Perenthians, aux requins de récif,
Aux varans étourdis, aux serpents silencieux;
Je plongeai sur la raie, m'endormis sur  la dune.

Petronas Twin Towers; femmes engrillagées
Des bus lointains et des villages éloignés,
Je filai vers Hat Yai alternative Lune.

    
 Sonnet Malaisien - Kuala Lumpur en 2002 je n'avais plus...







Septembre en 2002, j'étais à Djakarta,
Slalomant l'inhumaine et oppressante foule;
On s'était retrouvé, Benoît, mon camarade,
Tu peignais les combats de taureaux dans la boue.

On traversa Bali, lumières et rizières,
Les gorengs et la vague à Kuta, bancs de sable;
La houle nous mena sur Nusa Penida,
Lovina aux paniers fruits de mer et Ubud.

Combats de coq, batiks, oiseaux, Yogyakarta
Puis la toux intégriste explosa dans la foule...
Le cratère est profond, il n'y a plus de façade.

Sari's club, Paddy's bar, ground zero memorial,
Le voyage est scandé d'une larme au passage...
Cette Indo est sauvage et mon errance est rude.


 Sonnet Indonésien - Septembre en 2002 j'étais à Djakarta...






Te souviens-tu, Jinhee, ma belle Coréenne,
Des jours à Katmandou, des temples de Patan
Et des bruits de Chitwan lorsqu'à dos d'éléphant,
Traversant la forêt, nous parlions aux serpents,

Aux biches, aux rhinos, aux arbres titanesques... 
La maison du Bouddha et puis le monastère
Où le monk Coréen me recousit la tête ?
C'était à Lumbini... Les cascades sauvages...

Le lac de Pokara aux pieds du mont Everest;

Bénarès, ville sainte où le Gange vers l'est
Emporte la fumée des morts évanescents... 

Tout passe mais jamais plus vite que le temps.
Tu étais ma boussole et j'étais ton chaman.
Où sont notre Népal et l'île au sable blanc ?


9/2000 - Sonnet Népalais - Je pense à toi Jinhee et aux îles Andamans...






Pei allait, sûre et souple, aux plages kéralaises,
Paragraphant mon cœur de ses yeux en amande, 
A peine retenue qu’à peine nonchalante 
Elle disait « je pars en étoile filante… » 


Tu t’éloignes déjà, pensais-je, alors, d’accord,
Ne partageons pas l’or de longs enlacements
Ni de lentes caresses où les muscles se tendent.

Mais Pei virevoltante aux côtes gokarnaises
Prit le temps d’esquisser les gestes qui emplissent
L’âme d’un sentiment de vie intense et tendre.


09 - 01.  Pei allait...






Où ma femme souveraine ?
Où l’étoile de velours ?
Je n’ai pas peur de la reine,
Je n’ai pas peur de l’amour.
Des cicatrices de fleurs
On m’a recousu le cœur.

On m’a recousu le cœur
Mais toujours l’amour en coule
Vers la paix qui me dispose,
L’île à l’oiseau dont je frôle
Le parage archangélique,
L’arc doux aux contours des yeux.

Superposée à ton vol,
A tes glissements marins,
Ma trace seule en ton embrun
Met l’univers à ce sillage,
Tous les transports et je ne crains
Rien ni pas même ce chemin


09 - 01.  sillage de Pei Yun





All the books are a book
All colors a rainbow
All the wounds are nothing

All the roads are to meet 
All the women in you
And all God in my love

All the temples are she
All inside is shiny
And China is for me



10 - 01. The temple






Voyage plonger 
Delhi Bright retrait
Suis Fathepur
Ruine protégée

Express grince
Genoux rouillés
Ame inondée aller
A la lumière qui rince

Repos vent tiède
Grains distendus
- Temps fraternel

Gokarn magnétique
Ensacre et indivise 
Les sentiments énigmatiques

Suis gagné pour basculer
Pei Yun explique
Tout mon Sacré


12 - 01. Pei Yun Express


1 commentaire:

  1. Punaise on devine tant d'aventures cachées, de sentiments, de couleurs, de sons.
    Faites tourner faites tourner c'est juste magique.

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