Sonnets sénégalais - 2015 / 2018




ferraille des entraves
















Dakar en 2015, j'allais à Diamalaye
Boire un jus de bissap à la dibiterie
Où Kaa coupait l'agneau, près d'un arbre à palabre,
Rythmé comme un sabar aux mélopées de suie.

A l'île de Gorée la maison des esclaves
Portait le charme atroce du temps des colonies,
Porte de non-retour, ferraille des entraves,
Enclave de mes frères aux douleurs de la nuit.

Coura m'ouvrit sa porte un soir, aux Almadies,
Je revenais de Ngor, allant à l'infini
Aux encens que charriait sa peau douce et brunie

Comme un coffre à trésor, comme des pièces d'or
Teintées à son ébène et le lin de sa voix              
Tinta l'inflexion de notre Teranga.


     Août 2015 - Sonnet sénégalais - J'allais à Diamalaye.








Dakar en 2016, dans une rue de Yoff,
La robe de Marie Diouf brillait de mille feux.                          
Des Peuls et des Sérères, Toucouleurs et Wolofs,                 
Flamboyaient sur la vague sénégalaise et bleue.                     

Moi j'étais un toubab qui partait à Somone,
Buvant de la Gazelle avec un thiof braisé,
Je traversais Saly et le Siné-Saloum,
Guetté par les marchands de rue, les talibés.

A Warang je tombais émerveillé par Kène
Qui servait son sourire avec du thiep bou dienne.                   
Je délaissais le rhum, le tabac et la bière,

Pour du jus de gingembre et un verre de Kirène.             
Je viendrai te chercher, nous irons en pirogue,
Sous les palétuviers, glisser dans la mangrove.


     Août 2016 - Sonnet sénégalais -  Dans une rue de Yoff.





De Mamelles à Point E, de Fass à Colobane,
Arpentant le plateau, mes sandales dansaient,
Le long de la Corniche et du port à Ouakam,
J'errais, j'étais heureux, sans but et sans vacarme.

Une femme en ses serres m'apprenait le Sérère
Et le Sénégaulois, elle avait à la taille
Des binbinés magiques aux perles qui chantaient
Pour mieux m'ensorceler, coquillages épars.

Un matin je partis vers la Mauritanie,
J'allai m'assoir sur la Langue de Barbarie,
Devant la déferlante ombrée de filaos.

J'admirai de la dune des pêcheurs fantastiques
Braver tous les périls en franchissant la barre
Et je rêvais des mots comme cartes postales.


Sonnet sénégalais -  7/2018 - Dakar 2018, Mes sandales dansaient






En entrant dans Saint-Louis, après le pont Faidherbe,
Je m'assis sur les bords du fleuve Sénégal.
Il glissait nonchalant et lent, couleur de sable,
Jonché de détritus sous les bancs de pirogues.

Des maisons délavées dans ces rues de Ndar
On imaginait presque aux balcons décrépis
Se pavaner de belles et terribles Signares
Régnant sur le commerce de leur esclaverie.

Des sous-verres anciens de l'aéropostale,
Fantômes de Mermoz dans les hôtels d'antan,
Ornaient les grands patios plantés de flamboyants,

Et sous l'incantation tombée de minarets,
Sur un coin de trottoir, de vieux joueurs de dames
Me disaient en couleur " Antoine, ya gui si diam" ?


 Août 2019 – Sonnet sénégalais - As-tu la paix ?



pour du jus de gingembre
buvant de la Gazelle
et un verre de Kirène.















2 commentaires:

  1. Totale passion pour cet auteur, mais c'est qui le mec ??? Je passe de page en page et sur chaque vers je me délecte. Merci mec ! Un grand !

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