Les féériques - 1994



La longue épreuve
Des blancheurs lentes
Est éclatante

Dite fertile
Certaines fois
Elle va droit

Aux essentiels
Rave sous ciel
Que l’on s’émeuve

Pleins d’une extase universelle

          *

Voici venu un temps
De vertiges violents
Commencement du cycle
Où l’on brûle les plombs

C’est un pont pour le sang
D’une modernité
Des cachets des cachets
Pénétrer le temps souple
L’émotion rêvée

          *

La nuit déborde
De la ferveur
Des enivrés

L’aube est parfaite
Jusqu’ haut soleil
Lent bienfaiteur

Après-midi
Je dormirai
Selon l’envie

Le temps entier
Est noduleux
Les petits nœuds

          *

Morgane sait
Etre endiablée
Lorsqu’elle veut

Morgane peut
Tout éclairer
Avec ses yeux

          *

Deux mille ouverts
Déments et fiers
Jusqu’au soleil
De quatorze heure
Près de Dampierre

Dans la forêt
Supersonique
Un grand ballet
De noctambules
Bariolés

          *

Les raveurs ont
Restitué
A la forêt
A la clairière
La chaleur des
Ronds de danseurs

C’est la moderne
Réminiscence
Anciens gaulois
De vos banquets
De vos festins
Bandits et rois

          *

Dessous la peau
Bout l’univers
Nulle misère 

Ainsi que toi
Morgane et ta
Belle lumière

Il est sept heures
C’est la froideur
Au temps réel 

Rallions les flammes
Qui ont les armes
De l’Arc-en-ciel

Du Trèfle
A quatre feuilles
De la Colombe blanche

          *

L’ivresse coule
Vers le retour
Au siècle neuf

C’est l’an deux mille
Et le tam-tam
Electronique

Vers la tribu paisible
La fête auréolée

Morgane est une fée

          *

Nous voulions nous
Extasier
De liberté

Morgane je
Revois si bien
Le dénuement

Au rythme doux
Enveloppé
De ton épaule

Ma Douce Morgane Absorbée

          *

Nous étions
Les premiers
De fin de siècle

Aux potentiels
D’actifs légers
Et insomniaques

Allant toujours
Plus haut mangeant
La Lune

Nous étions les
Hallucinés
La déchéance

Du solennel
De la rigueur
Nous étions nés

Prémices du dernier
Du grand remaniement

          *

Avec la gestuelle
Aisée de l’artifice
Si l’espace est clos
Sois hautain surhomme

Ton corps ouvert
Vers le plafond
Profond du ciel

Tapisserie
Le
s murs jolis
Sont couverts d’air

          *

La longue phase 
Etre en ce ciel 
Est envoûtante

Calmes violents
Nous avalions
Beaucoup d’Etoiles

          *

Voici l’instant
De la montée

Devenir feu
Pour le réel

Abbaye de Moncel
On y vient en Rolls Royce
Ou dans la poche un Petit gris

Love Symbole
Est passerelle
Pour mon sang universel

          *

L'île aux cygnes
Avance nage
Et tire tire
Le son malin

Parmi chacune
De ces saccades
Est une faille
Un petit bout de clé des champs

          *

J’ai capturé
Le mouvement
De mon grand champ

Suis en dehors du temps
Dedans l’évanescent

Chaque seconde
Figure en exploit de lumière
L’esprit d’Adam
Vif et charmant
Qui me traverse

          *

Au bois des trolls
Les spiral tribes
Partagent les platines
Avec Lizza Nelias

Le mouvement
Est la jungle au melting-pot
De notre fin de millénaire

          *

Je me souviens 
De la Totale éclipse
Ou était-ce Abyss
Transland
Arcadia ?

Noms parties de nos paysages mentaux
Mayday
Astral Wizard
Out of time
Avec l’orthographe extraordinaire
Tout est notre épice verbale
Notre espéranto poétique

Aussi
Ecrans et lasers
Nos repères baroques

L’esprit de paix et de liberté
Le cosmopolitisme
La nouveauté du terme

Grand-père
Ne comprend plus ma poésie

          *

Morgane
Dans nos châteaux
Et les sous-sols d’aérogares
L’avidité
De s’envoler
Les Sains Désordres

Dans le curieux
Tumultueux
Du sang acide
Dans l'immédiat
Riche et glorieux
Dans la puissance
De nos mondes résolus
La Sensation Dingue

          *

Hangars désaffectés
Forêts nos palais
Entrepôts ponts et caves
Tous nos hangars
Tous nos palais

Nous avions l'énergie
Brute de la jeunesse
Et nous l’avons brûlée
Certains l’ont brûlée toute entière

Désormais l’âge est mûr
La génération s’est installée
Partout entre nous
Nous sommes chez nous

Nous vivons
Dans le grand jeu vidéo
Avec la parole
Des machines à puces
Le bout du monde
N’est pas très loin en avion

          *

Nous sommes des guerriers
Des joueurs
Des indiens
Et des aviateurs
Avec nos formes nos figures
Notre recherche et nos  couleurs

Aussi des révolutionnaires
Comme nos frères de Détroit
Ou de Berlin
Des Black Panthers
Et des casseurs de pierres

          *

L’esprit très ouvert
Aux limites neuves
Nul jamais
N’hérita tant que nous
Du moderne et de l’ancien

C’est perdu à présent
C’est affaire d’argent
La vérité
S’en tient toujours plus souterraine

Mais il subsiste
Chez ceux de l’origine
Quelques réseaux intimes


     1994.  Les féeriques.


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